« Je suis traducteur mais je n’ai aucune connaissance en TAO ».
« Comment faire du sous titrage ? Je suis traducteur-interprète mais je n’ai honnêtement aucune maîtrise du sujet ».
« J’ai une licence en interprétation mais je n’ai jamais utilisé une cabine »
Il s’agit-là de quelques situations qui témoignent de l’inadéquation des formations en traduction et interprétation dans certains pays. En effet, de nombreux prestataires linguistiques ne bénéficient pas d’une formation holistique et adaptée au besoin du marché. Ce qui n’est pas sans conséquence dans la mesure où après leur formation leur compétences sont en deçà des attentes des institutions. Quelles sont les causes de ce phénomène ?
L’une des premières raisons est la désinformation sur les questions de traduction et d’interprétation. Il est surprenant de remarquer que jusqu’à aujourd’hui il existe encore des confusions ou même un manque d’information sur le métier de traducteur et d’interprète. Certaines personnes continuent à confondre le métier de traducteur et d’interprète. D’aucuns disent même que la traduction et l’interprétation sont un même et seul métier et qu’il suffit d’être bilingue pour s’approprier le titre de traducteur-interprète. Ces métiers sont tellement mal compris que certaines écoles ou centres de langues offrent des formations en interprétation /traduction avec pour formateurs des personnes qui n’ont aucune formation ni même expérience en la matière. Il est évident que nul ne peut former dans un domaine qu’il ignore…
Une deuxième raison est liée au manque de moyens financiers. En effet, la plupart des universités dans certaines parties du monde qu’elles soient reconnues ou non manque de moyens financiers pour assurer une éducation de qualité. Pour qu’une formation d’interprète et de traduction remplisse les conditions requises, on ne peut qu’associer pratique et théorie. Cependant, certaines institutions, faisant face à des difficultés de tous ordres ne sont pas en mesure de répondre aux besoins pratiques de leurs étudiants. Ainsi, certaines écoles supérieures en l’occurrence des écoles de langues manquent cruellement de matériels tels que cabine, microphone, etc.
Une troisième raison a trait aux prérequis pour une formation en traduction et interprétation. En effet, pour suivre une formation en traduction et interprétation, un individu se doit d’avoir une très bonne culture générale, une parfaite maîtrise de ses langues de travail et de la culture qui les enveloppe ainsi qu’une agilité mentale. Malheureusement, fort est de constater que certains candidats qui vont vers ces formations ne sont pas forcément conscients de ces exigences. Certains sont pris au dépourvu une fois dans la formation et se sentent comme pris dans un appât dont ils ne peuvent pas se libérer.
Enfin, les demandes trop audacieuses et irréalistes des institutions continuent de creuser le fossé entre l’offre et la demande.
Il apparaît que cette réalité mène à de nombreux défis aujourd’hui. Il y a une baisse conséquente du niveau, de la performance des prestataires de services en dépit du nombre élevé de l’offre par rapport à la demande.
Comment résorber la fracture entre la formation des prestataires linguistiques et le marché de l’emploi ?
Pour colmater la brèche entre la compétence et le nombre il est de rigueur de faire un état des lieux de la formation, ses forces et ses limites et les aborder.
Les prérequis devraient être accessibles à toute personne qui désirerait faire carrière dans l’interprétation et la traduction. Il faudrait accroître la visibilité de cette carrière et nous assurer que les candidats sont suffisamment appuyés.
Un Investissement plus important dans la formation est de mise. La formation d’interprète et de traducteur nécessite des équipements haut-de gamme pour assurer la qualité des prestataires sur le marché
Le contenu des formations devrait être plus inclusifs et holistiques et surtout adapté au besoin du moment.
Enfin, tout candidat à une formation d’interprète et de traducteur doit être autodidacte car la grande partie de la formation se fait par l’effort personnel de chaque individu. Il faut donc travailler à être maître de toutes les sciences y compris l’information et la technologie.
Certains individus suivent toutes ces étapes à la lettre mais semblent toujours avoir du mal à s’insérer dans le marché en dépit de leurs compétences. Qu’est-ce qui explique cela ? Notre prochain article en parlera.